FRAGMENTS CHOISIS




C’est seulement parce qu’ils habitent déjà en lui qu’ils peuvent penser les pensées qu’ils produisent. C’est dans le processus même de l’habiter que nous bâtissons.
Tim Ingold


De tant d’histoires auxquelles nous participons, avec ou sans intérêt, la recherche fragmentaire d’un nouveau mode de vie reste le seul côté passionnant. Il faudrait définir quelques terrains d’observation provisoires. Et parmi eux l’observation de certains processus du hasard et du prévisible, dans les rues.
Guy Debord


Avant l’habitat, l’habiter était une pratique millénaire, mal exprimée, mal portée au langage et au concept, plus ou moins vivante ou dégradée, mais qui restait concrète, c’est-à-dire, à la fois fonctionnelle, multifonctionnelle, transfonctionnelle. Le fonctionnalisme moderne a fait surgir la question de l’habiter pour la réduire à la dimension appauvrie de l’habitat.
Richard Senett 


L’on ne comprendrait pas que nous puissions ressaisir le passé s’il ne se conservait pas un effet dans le milieu matériel qui nous entoure.
Maurice halbwachs 


Rien n’est vrai, tout est vivant . Agis dans ton lieu, pense avec le monde.
Edouard Glissant


Nous habitons un lieu, un milieu, quand notre manière d’être se forme à leur fréquentation.
Jean-François Lyotard 


Ils sont à la fois ainsi des spectateurs distants et des interprètes actifs du spectacle qui leur est proposé. (…) Nous apprenons et nous enseignons, nous agissons et nous connaissons aussi en spectateurs qui lient à tout instant ce qu’ils voient à ce qu’ils ont vu et dit, fait et rêvé.
Jacques Rancière 


Les géographes ne cessent de rappeler que dans chaque pays, la pente du toit est un des signes les plus sûrs du climat.
Gaston Bachelard

Pour moi il n’y a rien d’abstrait ; par ailleurs, je pense qu’il n’y a rien de plus surréel, et rien de plus abstrait que le réel.
Giorgio Morandi 


Interroger à la fois la différence qui nous tient à distance d’une pensée où nous reconnaissons l’origine de la nôtre, et la proximité qui demeure en dépit de cet éloignement que nous creusons sans cesse.
Michel Foucault 

L’architecture ne m’intéresse pas. C’est l’homme, l’espace humain, qui m’intéressent ; […] je fais des enveloppes sur mesure. Des enveloppes déformables à volonté.
Antti Lovag


Dans la conjoncture présente d’une contradiction entre le mode collectif de la gestion et le mode individuel d’une réappropriation, cette question n’en est pas moins essentielle, si l’on admet que les pratiques de l’espace trament en effet les conditions déterminantes de la vie sociale.
Michel de Certeau 


Nous arrivâmes au musée. Il ne ressemblait pas à ceux que j’avais vus jusque-là. C’était une ancienne demeure faite pour l’été, à un étage, peinte en rose-gris, qui ne donnait pas sur la ville, mais sur un jardin intérieur, autour duquel courait une galerie ouverte, pavée de moellons rouges. Bien que je fusse ce jour-là au comble de ma passion, elle m’arrêta net dès que j’entrai. Je la trouvai très belle. Sa forme était simple. C’était celle d’un puits carré. En avais-je déjà vu d’aussi belle ? Non, je ne le crus pas. Elle l’était de façon particulière, on n’avait rien fait pour qu’elle le fût, elle était pour ainsi dire naturellement et pour la seule raison qu’à travers elle on devinait clairement pourquoi on l’avait construite. Pourquoi ? Parce qu’on avait de l’été une grande intelligence et peut-être même une grande expérience… 
Marguerite Duras 

L’éphémère est sans doute la vérité de l’habitat futur. Les structures mobiles, variables, rétractables, etc., s’inscrivent dans l’exigence formelle des architectes et dans l’exigence sociale et économique de la modernité.
Jean Baudrillard 


La ville comme une (…) halte mobile, la ponctuation d’un parcours et son arrêt sur image. (…) La ville se rapporte au voyage autant qu’à la demeure. (…) La ville et la photo sont deux systèmes de capture du passage, l’un comme l’autre tel que le passant capturé ne cesse jamais d’y passer.
Jean-Luc Nancy 


Les cultures – ce qu’on appelle ainsi –ne s’additionnent pas. Elles se rencontrent, se mêlent, s’altèrent, se reconfigurent. Elles se mettent les unes les autres en culture, se défrichent, s’irriguent ou s’assèchent, se labourent ou se greffent. 
Jean- Luc Nancy


Et c’est le rôle de l’art : non seulement montrer comment est le monde, mais aussi pourquoi il est ainsi, et comment on peut le transformer. J’espère que personne n’est satisfait du monde tel qu’il est : il faut le transformer.
Augusto Boal


La vérité de l’art réside dans son pouvoir de rompre le monopole de la réalité établie (c’est à dire de ceux qui l’ont établie) pour définir ce qui est réel.
Herbert Marcuse 


La politique commence quand il y a rupture dans la distribution des espaces et des compétences. Elle commence quand des êtres destinés à demeurer dans l’espace invisible du travail qui ne laisse pas le temps de faire autre chose prennent ce temps qu’ils n’ont pas pour s’affirmer copartageants d’un monde commun, pour y faire voir ce qui ne se voyait pas, ou entendre comme de la parole discutant sur le commun ce qui n’était entendu que comme le bruit des corps.
Jacques Rancière 


La seule chose à faire semblait être d’opposer à la passivité de l’image, à sa vie aliénée, l’action vivante (…) : l’image, l’action, la parole (…) , pour nous montrer que le simple fait d’être spectateur, le simple fait de regarder des images est une mauvaise chose. Laction est présentée comme la seule réponse au mal de l’image. Ainsi il faut des images d’action, des images de la vraie réalité, ou des images immédiatement inversables en leur réalité vraie et à la culpabilité du spectateur. 
Jacques Rancière 


Les fragments ne sont pas fragiles : plus ils rapetissent, mieux ils resistent.
Michel Serre